Qu’est-ce qu’une ostéotomie de « Le Fort I » ?
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17 septembre 2021
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Une ostéotomie de Le Fort I est une opération qui permet de modifier la position de la mâchoire supérieure (le maxillaire).
Le nom de « Le Fort I » vient d’un célèbre chirurgien français, René Le Fort, qui décrivit le premier en 1901 les différents types de fractures du maxillaire.
Par analogie avec ce type de fractures, le nom de Le Fort est associé aux ostéotomies du maxillaire réalisées en chirurgie orthognathique.
Qui a besoin d’une ostéotomie de Le Fort I ?
Une ostéotomie de Le Fort I est indiquée lorsque la taille ou la position du maxillaire ne permettent pas de corriger l’occlusion dentaire par un traitement orthodontique simple.
C’est par exemple le cas lorsque le maxillaire est trop « en arrière », avec les dents du bas qui passent en avant. L’opération permet d’avancer la mâchoire supérieure.
Cette intervention est également indiquée lorsque la gencive est trop visible au sourire du fait d’un maxillaire « trop haut » (sourire gingival).
L’ostéotomie de Le Fort I permet également de recentrer le maxillaire lorsqu’il est dévié, ou de l’élargir lorsqu’il est trop étroit (endognathie).
Enfin, l’ostéotomie de Le Fort I est classiquement indiquée en cas de béance (espace entre les dents du haut et du bas). Une ostéotomie mandibulaire y est généralement associée.
A gauche : le maxillaire est trop en retrait, les dents du bas « passent en avant ».
A droite : béance nécessitant généralement une ostéotomie bi-maxillaire.
C’est habituellement l’orthodontiste qui pose l’indication de la consultation avec le chirurgien.
Comment s’y préparer ?
La première étape est la préparation orthodontique, qui doit aligner les arcades dentaires pour qu’elles s’emboitent parfaitement pendant la chirurgie.
Cette étape nécessite la pose de bagues et dure 6 à 18 mois.
Avant la chirurgie, l’orthodontiste devra changer l’arc, et mettre en place de petits crochets pour permettre le blocage des mâchoires pendant l’opération.
Au cours de la préparation, il y a généralement 2 à 3 rendez-vous avec le chirurgien qui va estimer l’avancée du traitement à partir de modèles (moulages).
Enfin, 1 mois avant l’opération, un rendez-vous avec l’anesthésiste sera organisé.
Toutes les prescriptions (médicaments, soins locaux…) et les conseils alimentaires vous seront communiqués avant la chirurgie afin de pouvoir vous organiser.
Comment se déroule une ostéotomie de Le Fort I ?
Cette intervention se déroule sous anesthésie générale, et dure environ 1h30.
Tout se passe par l’intérieur de la bouche : il n’y a aucune cicatrice visible sur la peau, uniquement au niveau de la gencive supérieure.
Pendant l’opération, nous réalisons une section osseuse du maxillaire en passant au-dessus des racines dentaires (ostéotomie).
L’ostéotomie permet déplacer la mâchoire supérieure dans la position souhaitée et définie avant la chirurgie. Ainsi le maxillaire peut être avancé, remonté, abaissé, élargi ou recentré. Ces différents gestes sont souvent combinés entre eux.
Une fois le maxillaire bien positionné, il est maintenu en place par 4 plaques vissées miniaturisées placées sous la gencive : c’est l’ostéosynthèse.
Sauf cas particulier, ce matériel sera conservé à vie.
Au cours de la chirurgie, de nombreux paramètres sont contrôlés : l’occlusion dentaire (on contrôle le bon emboitement des dents entre elles), le découvrement dentaire (visibilité des incisives lorsque la lèvre est relâchée), projection et largeur du nez.
Dans plus de la moitié des cas, un autre geste est associé à l’ostéotomie de Le Fort I : ostéotomie mandibulaire (on parle alors d’ostéotomie bi-maxillaire), génioplastie (chirurgie du menton), ou avulsion des dents de sagesse notamment.
Quelles sont les suites opératoires ?
Une hospitalisation de 48h est généralement nécessaire.
Cette opération est peu douloureuse mais s’accompagne d’un inconfort : gonflement du visage et des lèvres (œdème), ecchymoses ou parfois hématomes, obstruction nasale, fatigue.
Comme pour toute chirurgie orthognathique, la mastication est interdite pendant 45 jours. L’alimentation est donc liquide les 15 premiers jours, puis moulinée pendant 1 mois.
Le plus souvent, un guidage élastique est positionné la première semaine (petits élastiques entre les dents du haut et du bas) ; le déblocage est toutefois autorisé pour les repas et le brossage.
Une éviction scolaire de 15 jours est nécessaire, mais l’arrêt est parfois plus important en cas de profession à risque (il faut éviter tout choc direct pendant 45 jours).
Les sports de ballon et de contact sont proscrits pendant 6 semaines.
La reprise des soins orthodontiques a lieu entre 4 et 6 semaines post opératoire, et les finitions s’étalent généralement sur 4 à 6 mois.
Quels sont les risques de cette opération ?
Cette opération est bien codifiée et les risques sont exceptionnels.
Certains saignements peuvent se produire pendant l’opération, mais ne posent généralement pas de soucis. Comme pour l’ostéotomie mandibulaire, il y a un risque de lésion des racines dentaires par les instruments ou vis utilisées.
Il faut également anticiper les modifications de la forme du nez (élargissement, élévation de la pointe) et les corriger pendant la chirurgie.
Enfin, certains mouvements instables exposent à un risque de récidive, parfois à distance (notamment l’expansion transversale si la contention n’a pas été optimale).
Conclusions
L’ostéotomie maxillaire de Le Fort I est l’une des opérations les plus courantes en chirurgie maxillo-faciale.
Réalisée seule ou associée à une autre ostéotomie, cette intervention donne des résultats spectaculaires, en permettant de corriger simultanément la position des dents supérieures, la morphologie du visage et le sourire.
Les suites opératoires parfois pénibles sont largement contrebalancées par le bénéfice esthétique et occlusal très important de cette intervention.
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